mercredi 26 mai 2010

Deux mamans ou deux papas - est-ce suffisant?

Voilà une question d'actualité mais aussi difficile d'approche. Pourquoi difficile vous me demandez? Je ne peux que vous dire que c'est mon expérience jusqu'à ce jour. Elle est surtout difficile en raison des sensibilités des gens qui y sont les premiers intéressés. On veut les appuyer même dans les désaccords, s'il y en a, mais on a l'impression qu'on a droit seulement à être d'accord. Les divergences ne sont pas permises.

Pourtant, entre amis et parents, on s'attendrait à pouvoir partager les uns avec les autres ses pensées aussi bien que ses sentiments et ses motivations, ses rêves, ses difficultés. Dans une perspective humaine on a beaucoup à apprendre les uns des autres, encore plus entre chrétiens. 

J'avais un ami proche que j'ai perdu lors de son décès l'an dernier. Il était de mon âge et il souffrit et mourut avant son temps. J'avais déjà perdu son amitié une dizaine d'années auparavant alors qu'il s'est déclaré gai, mais pas par ce simple fait. Je n'ai jamais cessé d'apprécier son amitié ni de vouloir lui être ami et frère. Lors de son annonce de cette nouvelle qu'il se considérait gai, je pensais que nous étions en conversation, mais il n'a pas toléré mes propos et s'en fut fini de notre amitié. J'avoue ne jamais avoir compris cette fermeture de la porte.

En rétrospective, il se peut qu'il ne sut séparer ma personne de mon rôle en tant que prêtre et représentant du Christ et de son Église. J'ai donc éprouvé de sa part une complète intolérance inexpliquée mais qui aurait pu être expliquable. 

Voilà un phénomène intéressant de notre culture et société toujours en évolution: le concept de la tolérance. On en parle beaucoup et il fait couler beaucoup d'encre et prend beaucoup de place dans la blogosphère, dans la société en général et dans la politique en particulier.

Ce que je regrette et redoute est que trop souvent la tolérance qu'on prône est une intolérance à l'inverse. C'est à dire qu'on veut que toute la société montre une acceptation inconditionnelle de telle perspective, de telle décision, mais cela implique un refus total de toute perspective contraire ou critique. C'est un refus catégorique au dialogue.

On ne tolère désormais aucune expression de désaccord, encore plus, on accuse d'intolérance toute expression d'une perspective différente. On sacrifie le dialogue pour y substituer un monologue, un genre de fascisme individuel ou personnalisé qui en est un par la pratique du lobbyisme, c'est à dire, la force par les nombres. On accumule tous ceux qui sont en accord et on augmente les nombres avec tous ces gens qui sont familiers ou qui ont déjà un parti pris pour eux et n'ose pas les contredire, ne veulent pas offenser leurs sensibilités. 

Je me compte parmi ceux-ci. J'aime toujours mon ami décédé, et j'aime d'autres gens qui se disent lesbiennes ou gais. Je veux leur bonheur, et je le désire pour eux avec un amour intense et inchangeable, comme je suis persuadé que le Bon Dieu veut aussi leur bonheur et a mis tout en oeuvre pour que nous y parvenions. L'enjeu n'est pas là, mais plutôt de notre ouverture à la connaissance du véritable chemin au bonheur, ou pour le dire autrement, notre ouverture à ce que Dieu nous en dit.

S'il y a un élément toujours présent et toute civilisation humaine c'est bien le désir et l'audace de vouloir définir pour nous-même ce qu'est la nature humaine, quelle est notre destinée, et quel est le chemin de la vérité qui mène au bonheur authentique et durable. Nous voulons être indépendants et définir par nous-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal. Nous ne voulons pas être dirigés par quiconque. 

Sur cette question de couples gais ou lesbiennes qui désireraient avoir des enfants, il y aurait beaucoup à dire, mais je ne pense pas que les intéressés sont très ouverts à quelque considération que ce soit qui ne représenterait pas un appui complet et inconditionnel d'un tel projet: à savoir l'élevage d'enfants sans la complémentarité d'une mère et d'un père.

Il est vrai qu'il y a désormais plein de maisonnées mono-parentales. Si ce qui est normal dans une société est la famille fondée sur l'amour fidèle, exclusif, et pour la vie entre un homme et une femme; quand l'un d'eux quitte l'autre et lui laisse la charge des enfants cela constitue alors une exception. On ne batit pas une société sur l'exception mais sur la norme, sur ce qui se passe dans la majorité des gens. 

Alors vient la question de l'origine de cette norme. Est-ce purement culturel, une pratique qu'on peut changer quand bon nous semble comme on change de mode? L'inclinaison ou la préférence personnelle sont-elles les facteurs déterminants? Il n'y va pas seulement de la nature de la relation entre les adultes qui deviennent par choix ou par accidents parents, mais aussi du bien de l'enfant et en l'occurence des enfants accueillis par ces parents. 

L'enfant qu'a-t-il besoin pour croître et devenir une personne humaine autonome de la conception à l'âge adulte? Voilà une question essentielle. Jusqu'à récemment les professionnels des sciences sociales s'en sont donné à coeur joie dans des études innombrables de l'apport de la femme, de la mère, à son enfant. Il y avait entre eux comme un pris pour acquis que l'homme, le père, ne contribuait que son adn. 

Tel n'est plus le cas. Les études qu'on a commencé à faire depuis une décennie ou deux indiquent fortement que l'homme, le père, fait une contribution tout aussi importante à la formation de la jeune personne humaine - et du garçon et de la fille - que leur mère. Il s'agit toujours d'une question de complémentarité. 

Qui suis-je alors, moi prêtre, pour me prononcer sur ces questions? J'ai le même droit que tout membre de la famille, de tout ami, et la responsabilité de celui qui aime l'autre et veut son bien. Je reconnais volontiers la responsabilité de chaque personne de vivre sa vie, de discerner ses décisions à prendre, et de se conduire selon sa conscience et de ne pas négliger de former cette conscience avec toute l'ouverture possible à Dieu Créateur. 

Lorsqu'on me demande le Baptême pour son enfant, ces parents par ce fait même exprime leur ouverture au plan de Dieu Créateur pour leur bonheur, leur volonté de tout mettre en oeuvre pour activer ce plan de Dieu dans leur propre vie, et de transmettre ces valeurs, cette ouverture, cette foi en le Dieu vivant, à leurs enfants. Donc, ils veulent que je scrute avec eux la Parole de Dieu pour une parole que le Seigneur veut bien leur adresser en cette occasion joyeuse de l'accueil d'un enfant et de son Baptême. 

J'ai donc à me réjouir avec eux, à encourager et fortifier leur désirs et dispositions à élever cet enfant devant Dieu et avec son aide, et aussi à les aider à se préparer à faire face à tous les obstacles déjà présents et à venir qui dans notre culture ont tendance à opposer la vie de couple et de famille, voir une vie naturelle et paisible. 

Quand le premier couple d'hommes gais ou femmes lesbiennes m'approchera pour baptiser leur enfant, soit adoptif, soit conçu de façon artificielle et moyennant la médiation d'un homme d'occasion, quelle sera ma réponse, et quels seront mes propos, comme on s'attendrait de tout pasteur? 

Comment pourrais-je passer sous silence le plan de Dieu que tout enfant ait et un père et une mère, afin de recevoir et d'apprendre des deux tout ce qu'il lui faudra pour croître et devenir une personne humaine et autonome devant Lui afin de pouvoir jouir de la liberté des enfants de Dieu? 

Il faut venir en aide à ces gens, comme à l'aide des parents seuls à élever leurs enfants, ayant été abandonnés par l'autre parent, pour quelque raison que ce soit. S'il est vrai que cela prend tout un village pour élever un enfant, il est tout aussi vrai qu'il faut une mère et un père pour constituer une famille. La relation de couple dans la danse entre la différence et la complémentarité de l'homme et la femme dans le mariage est voulue par Dieu.

Ce couple complémentaire fut créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, nous dit la Parole de Dieu au début du livre de la Genèse. Le simple fait que beaucoup de couples connaissent la défaillance dans leur relation de couple n'invalide pas pour autant le plan de Dieu pour notre bonheur ni la vitalité qu'Il a prévu dans ce couple fait à son image et à sa ressemblance. 

C'est dans toute la dynamique de la différence qui appelle constamment et l'homme et la femme à faire place à l'autre et à une perspective et une façon de voir et de faire qui resteront toujours différentes, toujours autres, toujours en quelque sorte étrangères, qu'advient l'image vivante de Dieu dans le couple marié. Les enfants qui naissent ou qui sont adoptés dans l'enceinte de cette relation de couple sont accueillis dans un atmosphère et un foyer ou le renoncement de soi est ce qui exprime le mieux l'amour authentique de l'autre et qui se met au service du bien de l'autre. Il n'y a pas plus grand amour que de donner sa vie pour la personne qu'on aime. 

Ce n'est pas que deux femmes ensembles ou deux hommes ensembles sont incapables de renoncement, et peut-être bien qu'elles ou ils pourraient montrer plus d'amour et de dévouement que certains couples homme et femme ou que le parent seul pour élever ses enfants, ayant été abandonné par l'autre parent. Toute personne humaine, quelque soit les circonstances, est capable d'amour et de dépassement de soi. Cependant, le besoin de tout enfant pour cette complémentarité de deux parents de sexe différent qui s'aiment et qui soient fidèles l'un à l'autre pour la vie demeure incontournable. 

Alors, comment partager ces pensées avec deux femmes ou deux hommes qui se sont portés acquéreurs d'un enfant? Comment faire place à la perspective de Dieu dans la vie humaine? Comment vivre pas seulement de notre propre volonté mais au contraire faire place à une volonté plus grande, plus sage, plus généreuse que la nôtre? Je ne vois pas de solutions toute faite. S'il y a possibilité de vrai dialogue, alors tout devient possible, ou presque.

S'il n'y a pas possibilité de dialogue, ou si on invalide au départ la révélation judéo-chrétienne, alors on refuse la parole à Dieu lui-même, et on écrit une nouvelle anthropologie à sa propre image et à sa propre ressemblance, et non plus à celle du Créateur. Les gens sont libre en tout temps de le faire, et Dieu lui-même n'oppose pas notre liberté de décider et d'agir. Cependant, Il ne nous épargne pas non plus des conséquences de nos décision et de nos actes. En vue de notre bonheur Il souhaite nous épargner de souffrir, nous et nos enfants, en nous proposant son propre plan pour notre bonheur. 

La condition homosexuelle est-elle vraiment aussi fixe qu'on le prétend? C'est certain que plus on met en pratique une façon de vivre, plus elle devient normative pour soi. Il y a d'autres orientations de l'esprit humain que nous ne sommes pas prêts à appuyer ni accepter. Il y a aussi certainement des façons de porter de telles orientation sans pour autant en faire une vie en contestation, mais en trouvant en Dieu les assises pour un équilibre de vie qui se situe fermement dans l'appel et le plan de Dieu. 

Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité à notre époque il existe un lobbyisme qui cherche depuis plusieurs décennies à établir la légitimité de la pratique homosexuelle à même titre du mariage d'un homme et d'une femme. Avec le temps, il y en aura peut-être qui chercheront même à abolir le couple de la Genèse. Chose certaine, avec l'influence partout présente du lobbyisme gai, il n'est presque plus possible de tenir le discours judéo-chrétien sur le mariage ou de parler du bien de l'enfant, sans donner aux intéressés l'impression qu'on les condamne ou qu'on est intolérant de leur option. 

Ce n'est pas vrai. Si nous ne sommes pas libres de contribuer de telles pensées dans un dialogue ouvert, alors c'est qu'ils ne veulent aucunement le dialogue, mais uniquement l'approbation inconditionnel. Je respecte leur liberté humaine et la responsabilité avec laquelle ils prennent de telles décisions, mais je réserve mon droit d'être en désaccord, et s'ils viennent me voir en tant que prêtre pour recevoir ce que l'Église Catholique a toujours fait par souci de fidélité à son Seigneur, alors il sera mon devoir de leur en faire part.

Le rôle de prêtre n'est pas d'atténuer les exigences de la Parole de Dieu, mais de marcher avec les autres croyants et les aider à entendre et accueillir cette Parole de Dieu et trouver la force dans l'amour de Dieu exprimé en Jésus de le suivre et de vivre volontiers les renoncements nécessaires pour suivre Jésus et connaître la profondeur de l'amour de Dieu et jouir de son désir de nous accorder le bonheur ici-bas et aussi dans l'éternité. 

On n'accepte pas beaucoup aujourd'hui d'entendre parler du péché originel, mais il suffit de dire que l'être humain demeure frustré dans son désir de bonheur pour la simple raison de nos inclinaisons à l'égoïsme. Pour vivre vraiment un amour désintéressé de l'autre, cela entraîne nécessairement un renoncement constant de mes propres désirs et inclinaisons.... La maturité implique une personne capable de s'oublier dans le service fidèle de l'autre. 

D'ailleurs, il n'est pas possible d'être chrétien sans retenir par une discipline libre et personnelle toute orientation humaine qui nous entrainerait à l'encontre de la volonté de Dieu. Jésus nous a bien averti qu'il n'est pas possible de Le suivre sans accepter de porter sa croix, c'est à dire sans accepter de priver de notre attention toute inclinaison qui nous détournerait de la volonté de Dieu telle qu'Il nous la fait connaître dans sa Parole inspirée et dans la Personne de son Fils Jésus. 

Voilà une pauvre expression du défi qui est le nôtre en ces jours. Dieu, Toi qui aime tous tes enfants, aide-nous à bien savoir les accompagner, les guider, les aider à entendre ta parole d'amour et de sagesse pour leurs vies, et donne-leur la grâce d'ouverture à ton plan pour notre bonheur, une perspective qui est beaucoup plus large et plus sage, plus aimante et plus généreuse que la nôtre, en Jésus ton Fils, notre Seigneur. 

lundi 5 avril 2010

Être prêtre est-ce une évasion de responsabilités et de la vie?

On m’a dit récemment que je vis parfois dans un monde complètement différent de celui dans lequel vivent les gens ordinaires, ceux qui ont des familles, ont une job avec un boss que trop souvent ils n’aiment pas – ni la boss ni la job – et se sentent donc quincés entre les responsabilités et sont en quête d’un peu d’appréciation, de respect, et d’amour pour qui ils ou elles sont et non juste pour ce qu’elles ou qu’ils peuvent faire pour les autres.

En tant que prêtre je n’ai pas à m’occuper d’une famille tous les jours de l’année sans répit. C’est vrai, quoi que je participe à m’occuper avec ma sœur de nos parents âgés. Toutefois, si je n’ai pas ma propre famille – épouse et enfants – dont m’occuper tous les jours, j’ai néanmoins tous les membres de la famille ecclésiale, qui se nombrent dans les presque 2,000 qui viennent au moins une fois par mois à l’église en raison d’environ 1200 chaque dimanche. À tout moment les unes, les uns ou les autres viennent jaser ou demander un service quelconque. Parfois il y a les urgences.

Je n’ai pas à parcourir plein d’activités avec mes propres enfants, mais j’ai tous les soirs de la semaine des rencontres d’équipes, de conseils, et groupes, ou des rendez-vous divers. Toutes ces rencontres nécessitent un temps de préparation et un autre temps de suivis. J’ai à garder à l’esprit toutes les questions soulevées en ces réunions et le poids de responsabilité pour le progrès de ces questions et de la bonne marche de la vie de la communauté de foi qui se rassemble ici.

Il est vrai que je n’ai pas à préparer mes propres repas, sauf le déjeuner, et je n’ai qu’à manger le dîner qui m’est servi du lundi au vendredi, et me faire réchauffer les autres repas, à part les congés et absences de la ménagère qui nous sert aussi de cuisinière. Par contre, j’ai à préparer et à servir à la communauté de foi les repas spirituels des Messes que j’ai à présider en semaine et chaque fin de semaine ainsi que les homélies que j’ai à leur livrer.

Chacune des 4 liturgies le dimanche ne dure qu’une heure ou plus et en semaine moins d’une heure, sans compter funérailles et mariages. Cet effort me coûte cher d’énergie psychique, émotive, et même physique. Ce n’est pas pour moi l’expérience agréable ou reposante que peuvent en faire les fidèles. Si les jeunes parents ont à s’occuper de leurs jeunes enfants durant la Messe, pour ma part j’ai à m’occuper de tous ces gens, jeunes, enfants, et adultes qui participent à confectionner chaque Messe et qui ont besoin de se faire orchestrer et de recevoir une formation continue.

Si les époux et parents doivent en fin de semaine faire les emplettes et plein de commissions pour la bonne marche de leur foyer et de leur famille, pour ma part je n’ai que 36 heures de congé par semaine, quand cette journée n’est pas interrompue par les funérailles. Je dois y trouver le temps de m’occuper de toutes mes affaires personnelles et familiales.

Il est tout aussi vrai que je ne lave pas ma propre toilette et ne fais pas ma propre lessive, sauf durant les congés ou absences de la ménagère. Toutefois, j’ai à porter et partager le fardeau de la bonne marche et administration des immeubles, des équipements, des accessoires, de la sécurité, de l’entretien, et des moyens de communication de la Paroisse. Même s’il y a des personnes, soit les membres du personnel, soit des membres de la Paroisse bénévoles qui s’en occupent en semaine, le soir et en fin de semaine, le fardeau retombe sur la personne qui est là, c’est-à-dire le curé.

Je n’ai pas à me préoccuper du financement d’un domicile familial, mais je n’ai pas non plus l’asile que fournit une résidence personnelle, et je dois composer avec les inconvénients certains de devoir demeurer au lieu de mon travail. Je ne peux jamais m’en éloigner sauf en le quittant, mais en quittant par le fait même mon seul chez moi. S’il y a des prêtres qui ont fait le choix de se procurer et de demeurer dans leur propre chez eux – maison, condo, appartement – c’est souvent avec l’aide de leur famille, avec un emploi plus rémunérateur qu’en paroisse, ou un emploi supplémentaire. Je n’ai jamais été en mesure de me payer une résidence.

Les gens en ville peuvent poser un choix sur leur mode de transport, soit en commun soit en se payant une voiture neuve ou usagée. En 27 ans je n’ai jamais eu le choix, devant toujours fournir une voiture pour mon travail, sans pour autant touchant quelque somme que ce soit pour compenser les dépenses occasionnées par l’opération d’un véhicule. La seule compensation a été de pouvoir jouïr du remboursement d’une fraction de ces dépenses par mon rapport d’impôt annuel. Pour ce qui est des revenus, toute personne qui travaille en Église – clergé ou laïcat – doit composer avec un salaire beaucoup moindre de ce que cette même personne pourrait toucher sur le marché du travail. Quand j’ai travaillé brièvement en milieu de la santé le salaire et les bénéfices valaient le double de ce qui est couramment offert en paroisse.

Le fait de ne pas avoir une épouse ni mes propres enfants semble me libérer de tous les drames quotidiens qu’ont à vivre et parfois subir les gens mariés. Le curé que je suis n’échappe en rien pour autant toute l’intensité des drames de la vie familiale. Au contraire, si vérité doit être dite, le curé est appelé à vivre une plus grande variété et quantité de drames humains, et beaucoup plus rapidement. À tout instant je suis appelé à y plonger entièrement sans souci pour mon propre confort ; afin de pouvoir être pour chacun de ces gens le pasteur, le père spirituel dont ils ont besoin et auquel ils sont en droit de s’attendre, compte tenu de l’amour que Jésus leur promet et leur offre dans la personne du prêtre.

À bien y penser, il serait tout à fait inutile de comparer la vie de personne mariée et du parent à celle du prêtre et du curé. Inutile également de tenter d’y voir une compétition quelconque pour la sympathie ou l’appréciation de la société ou des gens, ni au chapitre de ce que chaque personne doit y investir pour satisfaire aux attentes des gens qu’on prend à charge.

Les deux modes de vie sont à vrai dire et en toute vérité complémentaires, l’un enrichissant l’autre, et les deux enrichissant la société toute entière. On ne trouve pas plus de refuge dans la vie de célibataire consacré que dans la vie mariée et parentale. Il faut être une personne humaine qui n’a pas froid aux yeux pour tenter l’une aussi bien que l’autre. On ne réussit pas plus à l’une qu’à l’autre sans y mettre le plein prix de l’engagement total et entier de tout son être, de tout son cœur, de toutes ses forces et de toute son énergie, de toute son âme, et de toute sa destinée.

On ne vie pas une vie humaine à moitié – on la vie à plein ou pas du tout – on devient une personne pleinement humaine justement dans le vif de l’action qui exige d’un moment à l’autre, à la journée et à la semaine longue, et pour toute sa vie un engagement total. C’est précisément le prix très élevé de cet engagement continu qui fait de la vie aussi bien pour le célibataire consacré et le pasteur que pour l’époux et l’épouse et le parent une si grande aventure, et une aventure qui fait développer en nous tout le potentiel qui autrement demeurerait au sec mais sans son déploiement vital. Nous serions alors ambulants mais morts, sans vie, comme des graines jamais jetées en terre.

Puisse l’Esprit Saint de Dieu raviver en nous tous le feu premier de notre choix de jeune adulte de vivre pleinement notre vie. Que l’Esprit Saint de Dieu mette au cœur et à l’esprit de chacun et chacune de nos jeunes le goût de vivre la grande aventure humaine qui ne peut passer que par une vie d’engagement au service des autres par le renoncement de son propre confort et de ses propres préférences dans le très concret quotidien de la vie de tous les jours en compagnie de toutes ces personnes que le Bon Dieu veut bien nous confier.

Ce n’est pas que le renoncement de soi nous définit une vie sans plaisir, terne et sans joie. Au contraire, le renoncement de soi est la monnaie quotidienne sans quoi notre amour ne peut être à la fois purifié et dépouillé de tout ce qui cherche à prendre et à conserver pour soi ; afin que notre amour connaisse une maturité, une croissance, et une expansion apte à porter du fruit qui donne vie et joie à tout venant – commençant avec les personnes dont nous sommes responsables – et à la fois nous rend la satisfaction et la joie d’un travail bien fait et d’un chef d’œuvre d’amour vivifiant.


vendredi 23 octobre 2009

Le péché contre l'Esprit Saint

À cette question ce soir, j'ai répondu qu'il s'agit du contraire de la crainte de Dieu. Quand nous aimons vraiment quelqu'un, une personne humaine, on craint de les offenser.  Il en va de même pour Dieu, les personnes divines du Père, du Fils Jésus, et de l'Esprit Saint. Si on les connait suffisamment pour avoir de la gratitude et plus encore les aimer, alors on craint de les offenser.

Le péché contre l'Esprit Saint est en quelque sorte un tel mépris pour Dieu - soit qu'Il existe mais qu'on n'aime pas sa manière de faire les choses, soit qu'Il n'existe pas du tout à nos yeux - qu'Il est en quelque sorte impuissant à faire quoi que ce soit en nous.

Ce n'est pas que Dieu alors refuse de pardonner ou est incapable de pardonner. Quand le Fils dans son humanité, Jésus, a offert sa vie et répandu tout son sang sur le chemin et sur la croix, Dieu ne pouvait en faire plus. Il a tout donné en se donnant Lui-même. Le pardon de Dieu est donc disponible à tous, comme Dieu fait tomber la pluie sur les injustes comme sur les justes.

Celui qui pêche contre l'Esprit Saint rend le pardon de Jésus et donc de Dieu son Père inefficace pour lui. Si je refuse de pardonner quelqu'un, je ferme la porte de mon coeur. Une fois fermée, cette porte ne peut plus admettre non plus le pardon que j'aurais pu recevoir des autres ou de Dieu. Dieu ne s'impose pas à celui qui a endurci son coeur, mais Il continuera de chercher des moyens, de laisser les événements de la vie, pour briser ce coeur, de le pénétrer de sa miséricorde.

Il est possible à l'être humain de Lui résister jusqu'à la fin, et alors c'est l'enfer, autrement cet être misérable empoisonnerait même le Paradis et le transformerait en Enfers. Dieu ne peut le permettre en raison de son amour équitable pour tous.

Aussi, toute personne qui a du mépris pour l'Église, tout en croyant qu'il aime Dieu, se trompe sérieusement. Aussi justifiable qu'on peut le penser de mépriser l'Église, remplie comme elle est d'êtres humains pécheurs, elle demeure l'Épouse du Christ. Il l'a aimé jusqu'à verser son sang pour la purifier et la sauver et l'unir à Lui. Qui méprise l'Église Épouse du Christ méprise le Christ. Il a dit aux apôtres "Qui vous rejette me rejette, et il rejette Celui qui m'a envoyé." Il a aussi enseigné "Quoi que vous fassiez au plus petit de mes frères, vous le faites à moi."

Tout parent le comprends. Quand on fait du mal à ses enfants, ce mal nous fend le coeur. Il en est ainsi pour Dieu à l'égard de nous tous et chacun, chacune. Pécher ou blasphémer contre l'Esprit Saint c'est en effet rendre vain ou inefficace en soi-même le pardon de Dieu, le sang versé de Jésus, la puissance régénératrice de l'Amour de Dieu qu'est l'Esprit Saint. On offense l'Esprit Saint quand on refuse de Lui laisser faire ce qu'Il ou Elle veut faire en nous....

Voici encore quelques liens intéressants:

Le blasphème contre l'Esprit Saint - point de vue Catholique chrétien....
Qu'est-ce que le "péché impardonnable?" - point de vue d'autres chrétiens....

mardi 20 octobre 2009

Jésus marcha parmi nous pendant quelques heures en la personne du Cardinal Jean-Claude Turcotte

Réflexion du Curé à l’ÉPP – Pastor’s Reflection to the PPT

Après la Consécration de l’Autel et de l’Église, où allons-nous ?

Now that our Altar and Church have been consecrated, where are we going?


La Consécration a été un moment marquant et déterminant pour moi, un moment décisif, et une grande et profonde grâce. At first, I was just overwhelmed by it all as the time of preparation gave way to the experience and the press of people, many of whom had the jitters and passed them on to me by asking me last minute questions. Si ce n’eut été du Cardinal, je n’aurais pas pensé à demander à Bishop Bob de faire sa part dans le texte et faire la bénédiction et l’envoi des enfants après le Notre Père.

Was it not amazing how the faithful who attended the Consecration Liturgy soaked up the Archbishop’s presence like people in the desert when they come upon fresh water in an oasis? Naturally, as I explained to a number of parishioners – I will write a reflection on this for either the website or bulletin or both – Cardinal Turcotte is our Archbishop, our chief Pastor. He has what is called the fullness of the Sacrament of Holy Orders, ordained three times; deacon, priest, and bishop. In addition, he was personally chosen by Pope John Paul II to be our Archbishop and shepherd the Church of Montreal.

When an Archbishop walks among the people – especially if he is a humble man of prayer and conscientious in manifesting pastoral charity to all whom he meets – it is much as when the Pope walks among the people. These men, personally chosen by Jesus through no merit of their own, are the poor instruments Jesus is pleased to use in order to continue his walk among us until the end of time. That is why people – even atheists – inexplicably melt into tears when the Pope passes by them, and they feel compelled to follow him: Jesus has touched them as Elijah touched Elisha, as Jesus himself touched throngs of individuals as He walked the roads of Palestine. This is what Holy Orders is, in three degrees.

Il en va donc de même avec notre Archevêque, et bienheureux ceux et celles qui se sont déplacés pour le recevoir et participer à cette Liturgie Sacrée qu’il nous a fait la grâce de présider. Nous avons été touchés par Jésus Lui-même, qui en toute génération se donne du mal pour choisir de pauvres instruments humains pour en faire ses représentants, Lui l’Époux de son Épouse l’Église, que nous sommes tous ensemble. Naturellement, cela aide que Monsieur le Cardinal Jean-Claude fait des efforts pour correspondre à cet appel qu’il a reçu du Seigneur. Avant même de venir, il s’informe de nous, il relève tous ce qu’il a observé de nous au fil des ans, même à distance, et il a beaucoup prié pour nous. Donc, à son arrivé, il avait déjà été précédé par la grâce de la sollicitude du Seigneur pour nous.

It was his smile, his demeanour, his warmth in word and gesture – like waving to the children in the choir in front of him – that demonstrated his joy at being among us like an unspoken or non-verbal “word” expressing the truth of who we are, all together, in God’s eyes, the redeemed and beautiful Bride of Christ Jesus, his Beloved Son. These are only some of the reasons why we responded so readily to the presence and service of our dear Archbishop during the few hours he spent with us. In him, Jesus walked among us in a personal way for a few hours, despite – no I dare say precisely because of – the Cardinal’s human frailty, unique character, approaching age and fragility, in short, all that makes him so human and sympathetic.
En tant que communauté paroissiale de foi, nous avons été ravivés et rappelés à notre vocation de cellule de l’Église universelle, comme l’Église domestique qu’est toute famille, et renouvelés dans notre participation à la mission que Jésus avait été envoyé par le Père pour commencer et confier à des êtres pécheurs et fragiles, mais pardonnés, sauvés, relevés, transformés, et envoyés dans le monde. Relisez l’homélie de notre Archevêque sur mon site web ou celui de la Paroisse, et notez ses dernières paroles.

So as a Parish we have been refreshed and recalled to our vocation as a cell of the universal Church, like every family which is a domestic Church, and we have been also renewed in our participation in the mission which the Father sent Jesus to begin and entrust to sinful and fragile human beings, whom He forgave, saved, lifted up, transformed, and sent out into the world. Reread the Cardinal’s homily on my website or that of the Parish and note in particular his last words.

dimanche 3 août 2008

JMJ08 à Sydney - un retour

Bonjour. D'abord, voici les textes principaux de notre Saint Père le Pape Benoît XVI qu'il a adressés aux pèlerins à cette 23e Journée Mondiale de la Jeunesse à Sydney en Australie.

samedi 21 juin 2008

Jours 5-6-7 - Ces derniers jours ont été un tourbillon de l'Esprit Saint...

En attendant que je puisse bloguer ces derniers jours, vous pouvez aller voir mon blog anglais, et vous pouvez aller entendre les catéchèses et témoignages remarquables de ce Congrès au site de l'Église du Québec..... Bonsoir, et que Dieu vous bénisse.

jeudi 19 juin 2008

Jour 5 - Jésus vient nous chercher au plus profond de nos craintes, nous en retire, et satisfait notre faim à même l'amour de son Père.

Quelle remarkable journée Eucharistique de Réconciliation.... Une belle journée mais qui a duré plus de 16 heures et il est maintenant passé minuit.... Nous venons de rentrer et j'ai pris une collation pour ensuite m'occuper des courriels. Maintenant je suis fatigué après notre marche de 3 heures dans une rare Procession Eucharistique - sans compter toute notre marche de la journée; alors je vais me coucher, et je bloguerai cette journée exquise le plus tôt possible..... Bonsoir, que Dieu vous bénisse.